L’Anko, une pâte à tartiner à base de légumineuses

koshian recette

Comment ? Quoi ?! Je n’ai pas de recette d’anko sur mon blog ?!! J’ai été la première étonnée lors de ce constat la semaine dernière. Mais à y réfléchir, ce n’est pas si mal que j’ai tant tardé, car si la liste des ingrédients pour confectionner l’anko est courte, le processus de fabrication l’est moins…

Mais d’abord, pour ceux qui ne sont pas empreints de culture japonaise, qu’est ce l’anko ? Des azukis, un type de légumineuse couleur rubis, du sucre et une pointe de sel. Mais encore ? L’anko est à la pâtisserie traditionnelle, ce que le miso est à la cuisine japonaise : un pilier sur lequel s’épanouit tout un réseau de délicates douceurs. On le trouve à l’intérieur des daifukus, ces petites boules élastiques et régressives, qui comptent parmi mes péchés mignons. On le trouve également à la base des yokan, ces gelées à la texture non pas figée mais follement onctueuse. En terme de goût et de texture, l’anko se rapproche de la crème de marron : ceux qui aiment cette dernière peuvent y aller les yeux fermés et la bouche béate. Mais l’anko possède son petit goût bien à lui : celui des légumineuse en version sucrée. Une pratique culinaire totalement inédite pour nous Occidentaux, qui les associons plutôt à une bonne saucisse de Morteau. Pour la petite histoire, les Japonais utilisent inversement très peu les azukis en salé !

anko

C’est une de mes plus grandes leçons de cuisine japonaise : non seulement le goût des légumineuses est délicieux en sucré, mais leur texture fine et dense à la fois en fait de parfaits partenaires de pâtisserie ! Au Japon, on fabrique l’anko en deux textures : le tsubuan, où les azukis sont mélangés entiers au sucre et au sel, et le koshian où l’on ne garde des azukis que la pulpe. Les deux types d’anko sont appréciés également, pour des raisons différentes : le tsubuan pour son côté rustique et authentique, sa mâche grumeleuse, le koshian pour sa texture fine et lisse, qui le destine à des pâtisseries plus sophistiquées comme les namagashis.

Personnellement, j’ai une petite préférence pour le koshian, qui permet de se démarquer clairement sous mon palais d’Occidentale de la connotation salée des légumineuses. Au quotidien, je l’utilise à la manière d’une pâte à tartiner : sur du pain grillé, avec une tranche de gâteau, dans un yaourt. Et oui, on peut fabriquer toutes sortes de pâtes à tartiner à partir d’autres légumineuses : pour l’avoir testé, avec des lentilles et des mogettes de Vendée, c’est absolument délicieux. Avis aux aventuriers de la spatule : le sucré version légumineuse est une terre vierge qu’il reste à explorer ! Dans un gâteau au chocolat elles font des merveilles comme dans cette recette de fondant au chocolat qui a remporté un franc succès. Je salue aussi le génie de Cléa qui remplace la frangipane classique par des lentilles dans sa Galette des rois à la lentille verte du Puy.

azukis japon

Azukis, sucre et farine de riz gluant, la base de la pâtisserie au Japon

Pour réaliser un bon anko, il faut faire attention à ce que les azukis soient bien tendres à coeur, sans pour autant s’être disloqués car alors ils perdent leur pulpe. C’est la raison pour laquelle la plupart des recettes notamment celle de Just one cookbook, blog incontournable en matière de cuisine japonaise, préconisent de cuire les azukis dans une petite quantité d’eau, pour qu’ils ne s’entrechoquent pas comme lorsqu’ils sont cuits dans une grande quantité d’eau. C’est une technique que tu peux adopter…si tu en as le temps car il faut alors régulièrement rajouter de l’eau pour conserver le bon niveau. Personnellement, je n’arrive pas à rester 1h à côté de ma cuisinière et je cuis mes azukis dans une plus grande quantité d’eau. Résultat : je perds forcément un peu de pulpe, mais le résultat n’est pas trop mal non plus… à toi de voir ce qui te convient le mieux.

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Autre nuance technique : si on n’a pas de moulin le légume, ou pas le courage de passer par cette étape, on peut choisir de mixer les azukis cuits, égouttés mais encore chauds, en les mélangeant au sucre et au sel. La peau des azukis étant très fine, on obtient un anko à mi-chemin entre tsubuan et koshian, qui est très satisfaisant. Il s’agit d’un tsubuan broyé, que l’on nomme tsubushian (merci Joan pour la précision !).

Enfin, un point sur le dosage de sucre : il est possible d’alléger la proportion de sucre jusqu’à 350g pour 500g. C’est la recette que je propose notamment dans mon livre sur les Mochis. Attention toutefois, cette pâte se conserve moins longtemps…

koshian anko recette

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Cake au miso & sésame

cake miso sesame

Extrait de mon livre sur le miso, voici un petit cake format financier pour accompagner le thé : non tu ne rêves pas, il s’agit bien d’un recette sucrée à base de miso ! Surprenant voire déroutant au prime abord (je t’entends dire d’ici « mais qu’est ce qu’elle nous fait Mathilda, elle est en manque d’inspi ou quoi ?! »).

Mais ça, c’est avant d’y goûter : commence par faire le test en l’ajoutant à un gâteau au yaourt tout bête, ou autre préparation dont tu connais par coeur le goût. Tu verras, tout en ne se laissant pas deviner, le miso lui aura apporté une palette aromatique inédite (certains vous demanderont si vous avez mis du miel, d’autres de la cannelle, ou de la muscade), ajouté du moelleux et l’aura électrisé de cette petite pointe de sel qui va si bien aux desserts.

Nuancier de miso

Le miso est la botte secrète dont toute cuisinière rêve pour régaler et épater sa galerie gourmande. Dans mon livre, je publie deux recettes de desserts incontournables : l’un est un gâteau au chocolat, d’une texture mousseuse et fondante à la fois, et ce cake, à réalisé au format financier ou en format large. Outre le sésame, les ingrédients sont on-ne-peut-plus traditionnels, et pourtant ces petits gâteaux vous emmèneront loin loin dans un pays doux et moelleux, au parfum exotique & réconfortant à la fois. Un vrai tapis magique ;)

Pour agrandir la recette, clique dessus !

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Le Miso, le découvrir & le cuisiner

couverture-miso

Aujourd’hui tu te sens fatigué(e), découragé(e), à fleur de peau ? Eh bien c’est normal, et le cas de beaucoup d’entre nous : ce lundi-là de janvier est la numéro 1 des journées déprimantes de l’année et possède même son petit nom, le « Blue Monday ». Et cette année, avec l’arrivée brutale du froid, de la neige (bon c’est joli aussi), des transports qui ne marchent pas, je parierai bien sur un Super Blue Monday. Une seule chose à faire : le dos rond, et la tête occupée à plein de trucs chouettes et salivants…

Bah tiens, comme la publication d’un (mon!) livre sur le miso, un aliment tellement bon et sain qu’il est administré par les médecins japonais pour contrer les effets néfastes de la nicotine ou encore des radiations nucléaires. Il s’appelle « Le miso, le découvrir et le cuisiner » et incarne la concrétisation de ma grande histoire d’amour avec ce produit unique, généreux et protéiforme, pilier de la cuisine japonaise. Pourtant, comme pour beaucoup d’occidentaux, ma première rencontre avec le miso ne s’est pas faite sur le coup de foudre, oh non. Je me souviens avoir l’impression de manger du Marmite à l’état pur (tu sais cet pâte noirâtre dont raffolent les British ;) ou bien une tapenade ultra-concentrée à laquelle on aurait ajouté des anchois et du caramel pouah O¨O. Rien à voir avec la soupe miso au goût sibyllin que j’avais l’habitude de déguster à Paris. Là c’était foncé, pâteux et ça partait dans tous les sens.

miso-mosaique

Mais vu comment s’en délectaient les Japonais, je savais que je manquais quelque chose. Je me suis donc mise en mode Petit-Prince et j’ai tenté d’apprivoiser le renard miso. Si tu me suis depuis suffisamment longtemps, peut-être as-tu assisté à ma miso-gression. J’ai commencé doucement, avec du riz, des carottes, du chou et du miso. Puis j’ai enchaîné sur l’association poireau-miso, qui est l’une des meilleures qui existent et là *flash* coup de foudre à retardement… Depuis, je n’ai eu de cesse que de trouver de nouvelles façons de le cuisiner, tant et si bien que l’idée d’un livre a bientôt pointé son nez : tout le reste, je te le raconte dedans !

Tu y trouveras des conseils pour choisir le miso, mais aussi pour le déguster à la manière dont on déguste chez nous vin et fromage. On y parle aussi du miso spécifiquement français, produit par Danival, cette entreprise avec laquelle je suis tombée en grande amitié : figures- toi qu’elle produit des misos bios, à partir de fèves de soja elles-mêmes cultivées en France dans le Sud-Ouest par Eric Berjon, un agriculteur qui travaille avec Danival depuis 1990. Le shiro miso que Danival vient tout juste de sortir est issu de cette belle collaboration : l’un, attendant que l’autre réussisse à cultiver la variété de soja adéquate. Ca, c’est du partenariat !

Puis les recettes se divisent en plusieurs parties : l’apéro, les soupes (ben oui !), festin nippon avec des recettes traditionnelles à base de miso, le miso au quotidien (utilisé à la mode de chez nous ;), les sauces et enfin les desserts !

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Et pour contrer définitivement les effets néfastes du Blue Monday, je te propose  un nouveau concours pour gagner l’un des 5 exemplaires du livre. Pour participer, il suffit de suivre mon compte Instagram et/ou Facebook, et de commenter sous la photo du concours en tagant un ami. Le gagnant sera tiré au sort, la fin du concours aura lieu le 24 janvier à minuit, pour des résultats le 25 !

Pour acheter le livre, le mieux est de le commander auprès de la librairie la plus proche de chez toi : ça fera travailler ces boutiques si uniques, plutôt que de faire grossir encore les géants de la distribution globale :)

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{ Jeu concours } A gagner 2 places pour une séance gourmande Chihiro et Mathilda

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Peut-être commence tu à te demander si ce blog était toujours actif, si je n’avais pas passé l’éponge sans épitaphe ni mot de sortie. Et bien non ! Cuisine en bandoulière est toujours à flots, mais traverse juste en ce moment une tourmente, sa petite moussaillonne ayant été hospitalisée (mais ça y est ouf elle est sortie d’affaire).

Même au milieu de la tempête, je ne pouvais manquer de te proposer de gagner une invitation pour 2 personnes à une séance pas comme les autres. C’est la première fois que j’accepte de participer à une animation. Bon, c’est pas comme si les demandes pleuvaient non plus ;) et puis je t’avoue que le passage entre #pianoterderrièresonécran et #parlerdevantuneassemblée n’est pas ce qui a de plus évident pour une bloggeuse. Mais il n’y a pas de raison que je ne partage pas avec ceux qui l’aiment, sur l’univers de la pâtisserie japonaise, pas vrai ?

Surtout que l’offre était absolument impossible à décliner : servir de/le préambule de la projection du Voyage de Chihiro, mon film fétiche du studio Ghibli. La séance se passe au cinéma des Fauvettes, un lieu splendide et tout récemment ouvert dans 13e, dont la programmation inédite consiste à projeter des films restaurés et des sagas mythiques. Et précisément en ce moment, c’est le studio Ghibli, ce lieu mythique créé par Hayao Miyazaki où sont nés ces bijoux d’animation tels que Princesse Mononoké, Château dans le Ciel, ou encore Mon voisin Totoro.

Voici comment se déroulera la séance : en préambule de la projection, je ferai une petite présentation sur la si fascinante pâtisserie japonaise, accompagné d’une démonstration de fabrication d’un mochi. Ceux qui le souhaitent pourrons également déguster quelques douceurs que j’aurai fabriquées juste pour l’occasion, accompagné d’un bon thé…

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Du coup, je te propose un petit concours pour gagner 1 invitation pour 2 à la séance. Il suffit de suivre mon compte Instagram et/ou Facebook, et de commenter sous la photo du concours (ci-dessus) en taguant 1 de tes amis pour l’inviter à jouer ! Le gagnant sera tiré au sort, la fin du concours aura lieu le 20 janvier à minuit.

Et sinon, pour commander directement ses places dès maintenant, c’est ici : commander des place.

Je te dis au samedi 23 à 16h !

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Cerfeuil tubéreux, sauce à l’orange

Cerfeuil tubéreux, recette délicieusement facile

Voilà une entrée de fête comme je les aime : à la fois élégante, authentique et qui fait la part belle au végétal. Si tu ne connais pas encore, le cerfeuil tubéreux, c’est un peu le foie gras des légumes : un goût à la fois fin et puissant, et une texture fondante. On le trouve de plus en plus souvent sur les étals de nos marchés, et c’est en ce moment sa pleine saison. Il fait partie de la famille des racines, et se place au niveau goût entre le panais et le céleri-rave, mais avec davantage de rondeur : avec son côté sucré, on le rapproche aussi souvent des châtaignes. Sa chair est jaune pâle, et sa peau fine permet de le déguster dans tel quel. En fait, je n’imagine même pas l’enlever : car alors sa chair délicate à vif, perdrait en saveur et en fondant.

cerfeuil tubereux legume racine
Dans cette recette, le cerfeuil tubéreux est d’abord cuit à l’eau, puis doré à la poêle. On le met alors de côté et on fabrique une petite sauce express en faisant revenir dans la même poêle des échalotes, puis en déglaçant avec du jus d’orange et du vin blanc. Techniquement, on ne peut pas véritablement parler de « glaçage », car les cerfeuils ne sont pas cuits tout du long dans un mélange d’eau, de beurre et de sucre. Je voulais en effet pouvoir dorer mes cerfeuils, et fabriquer une sauce à la texture sirupeuse, mais qui n’avait pas trop cuit et gardait une certaine fraîcheur pour contraster avec la rondeur du cerfeuil. L’autre avantage, c’est que cette sauce est très rapide à réaliser, et que l’on contrôle bien sa cuisson ainsi que celle du cerfeuil.

Avant de te livrer la recette, petite observation d’ordre graphique : tu auras probablement remarqué que le blog s’est refait une beauté, j’espère qu’il te plaît ainsi !

Voici la recette, ne l’oublie lorsque tu rencontras un cerfeuil tubéreux !

Recette de cerfeuil tubéreux

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Bûche vintage & végétale chocolat & marrons

buche chocolat marron

Je suis pleine d’admiration pour ces élégantes bûches toutes lisses, fourrées de couches aux textures variées que l’on trouve chez les grands pâtissiers. Ces versions revisitées de notre traditionnelle bûche-roulée-très-kitsch sont souvent non seulement plus belles, mais meilleures aussi. Pas difficile quand on y pense, car la bûche roulée laisse souvent à désirer, tant visuellement, qu’au niveau goût, avec son biscuit caoutchouteux et sa crème au beurre, ô combien écoeurante.

Oui mais. Pour moi, la bûche roulée c’est la magie de Noël. Quand, au plus profond de la nuit d’hiver, on décore sa maison de plein de lumières et de jolies choses brillantes. Quand on recouvre sol et meubles d’épais tapis & de couvertures, et que l’on s’installe au coin du feu entre gens qui s’aiment pour se raconter de belles histoires.

buche vegan chocolat marronAlors, ce n’est pas d’une bûche design, dont j’ai envie. Mais d’une bûche ancestrale, avec son biscuit roulé qui imite les anneaux du bois et son écorce de crème. D’une bûche merveilleuse qui me fasse entrer dans ce monde où les maisons sont en pain d’épice et les haricots magiques. Une bûche en trompe l’oeil pour jouer à la fée. Et voir les bouches gourmandes s’ouvrirent d’admiration « tu as vu, c’est comme une vraie de vraie bûche ! ».

Voilà ce dont j’avais spécialement envie cette année. Mais je ne voulais pas pour autant revenir au duo traditionnel génoise+crème au beurre. Quitte à faire dans le trompe l’oeil, pourquoi ne pas aller jusqu’au bout en confectionnant une bûche 100% végétale ?

buche-biscuit-animation

En voilà une belle idée. Mais pas forcément facile à réaliser : il m’en aura fallu des essais, avant d’arriver à cette recette de biscuit à rouler pour bûche ! J’en suis particulièrement contente, car je trouve sa texture plus tendre que la traditionnelle génoise, et j’aime sa couleur toute blanche, due à l’absence d’oeuf. Attention, elle est plus tendre et aussi plus fragile et peut se fendiller : mais on s’en fiche pas mal, étant donné qu’on recouvre le tout d’une belle ganache…

buche chocolat

La recette de la ganache a été beaucoup plus facile à trouver, car j’avais déjà de bonne bases : je suis partie de cette bûche chocolat, noisette et dattes de 2013. J’ai remplacé le tofu par du dessert chocolat au soja (tu sais, ces petites crèmes dessert proposées aux rayon frais à côté des crèmes desserts), et j’ai ajouté de la confiture de marron. Quelle différence avec la crème de marron ? Cette dernière est juste une version plus sèche et plus longuement cuite que la première : personnellement je préfère la confiture qui a plus de goût de châtaigne, mais si tu n’en trouve pas tu peux opter pour la crème, ta ganache aura juste moins goût de marron ! Attention avant de faire la ganache avec le chocolat fondu, d’avoir bien les autres ingrédients à température ambiante, et non tout juste sortis du frigo car alors le mélange ne se ferait pas bien. Pour appliquer la ganache sur le biscuit roulé, j’ai utilisé une douille spéciale, illustrée ci-dessus, mais tu peux aussi l’appliquer plus simplement avec une spatule ou un couteau à lame lisse.

Voici la recette, à réaliser la veille pour le lendemain histoire d’être le jour J près du feu pour écouter les belles histoires !

buche vegan recette

 

 

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Tourte au potimarron, châtaigne et pomme

tourte végétale

La tourte fait partie de mes top dix recettes fantasmes. Je l’aime rustique, surtout sans feuilletage, avec une bonne pâte brisée à la farine complète et si possible de seigle, sans ajout d’oeuf pour faire briller. Sa garniture doit être généreuse, avec de la couleur et différentes couches.

Ingrédients d'une tourte végétale

Je choisis des légumes d’hiver, potimarron, châtaignes qui apportent leur texture dense et leurs parfums chaleureux. J’y ajoute de la pomme pour arrondir les angles, hydrater la tourte et titiller le palais d’une petite touche acidulée-sucrée. Je coupe tout ça en fines tranches, à la manière d’un gratin dauphinois et je mélange en ajoutant un peu d’huile, d’ail, de sel et de poivre.

La tourte n'est rien sans la sauce

Mais surtout, surtout, j’accompagne ma tourte d’une sauce. Sans sauce, la tourte n’est rien. Rien qu’un gros truc étouffe-chrétien. Cette sauce, je la confectionne façon grand-veneur, en version express et sans matière grasse : eh oui c’est possible et pratiqué depuis belle lurette chez les gourmets d’Asie. Du vin rouge, une pointe de vinaigre, de la sauce soja et de la fécule pour épaissir en un tour de main. Et puis de la confiture : groseilles & cranberries accentuent la jolie couleur rouge, mais avec de la confiture d’abricot, c’est très bon aussi.

Recette de tourte végétale

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Un gâteau pour Lamia

layer cake au chocolat de Lamia

Comment réagir face à la mort ? Comment combiner le deuil et le quotidien ? Se lever, s’habiller, s’alimenter, tout devient soudain si futile et vide de sens.

Je n’ai personnellement pas perdu de proche le 13 novembre dernier. Mais Marina, une de mes très bonnes amies, a perdu son amie de toujours, Lamia. Ce soir-là, lorsque j’ai appris ce qu’il se passait à Paris et surtout rue de Charonne, son quartier, c’est pour Marina que je me suis inquiétée. Je lui ai envoyé un texto auquel elle m’a immédiatement répondu « je vais bien mais je m’inquiète pour Lamia, son téléphone ne répond pas ». Je lui ai écrit qu’il s’agissait certainement d’un problème de batterie, et qu’en toutes probabilités Lamia allait bien. Mais lorsque le lendemain, Marina m’a appelé pour m’annoncer sa mort, j’ai été totalement désarçonnée. Pendant que mes lèvres répétaient des banalités « c’est horrible, pauvre Lamia, quelle horreur« , je pensais « aucune parole, aucun geste ne peut être à la hauteur de sa peine, je ne peux rien pour elle ».

lamia-gateau-chocolatgâteau au chocolat et pistache

Nous avons raccroché, et là, les quelques images que j’avais de Lamia, sont venues tourner dans ma tête : sa jolie silhouette toute longue toute fine, ses yeux si expressifs, son contact simple et direct. Et soudain, j’ai eu un haut-le-coeur en l’imaginant victime de Daesh : c’était absurde, insensé, ridicule. Je me suis sentie totalement impuissante face à la douleur que devait ressentir Marina, ses parents, ses frères. En guise de consolation, je ne pouvais proposer que mes paroles maladroites, mon désarroi, « mais comment peut-on faire une chose pareille ?!? ».

Puis je me suis dit que ce n’était pas à moi de dire si je pouvais aider ou pas. L’important c’était de montrer à mon amie que j’étais là, et tan pis si j’étais gauche. J’ai alors rappelé Marina, juste pour lui dire « Marina, j’ai envie de vomir en pensant à la mort de Lamia, je n’ose pas imaginer l’état dans lequel tu es ». C’était une consolation toute bancale et rabougrie, mais c’était déjà mieux que rien.

lamia-mondeguer

Les jours qui suivirent, je n’ai cessé de penser à ce que je pouvais faire. Et puis mercredi, les proches de Lamia ont été reconnaître son corps à l’institut médico-légal. Rien qu’à y penser, j’avais un trou dans le ventre. Je pensais à aussi à toutes les autres familles dans le même cas. Et comme je n’arrivais pas à faire autre chose, je me suis mise à cuisiner le gâteau qu’aurait aimé Lamia. Je savais que dans de nombreuses cultures, la cuisine est indissociable du deuil. Les enterrements sont souvent l’occasion de grands festins, de banquets. Je me souvenais de l’enterrement de ma grand-mère, où nous avons ainsi passé la journée à cuisiner, boire, manger, et se remémorer des souvenirs. C’était comme si cuisiner permettait de réinsuffler de la vie dans le vide, d’arrondir les angles, de reconnecter en sourdine avec la douceur de vivre.

gâteau pour faire le deuil

En confectionnant le gâteau de Lamia, j’ai découvert une nouvelle facette du deuil en cuisine : en cuisinant pour la personne décédée, on la rend présente d’une certaine manière. Qui sait ce qu’il se passe après la mort ? Moi, j’aime à penser qu’attirée par les bonnes odeurs, Lamia est venue me rendre visite et a ri de plaisir quand elle a vu le chocolat couler sur gâteau.

Le gâteau de Lamia est on pourrait dire un « nude layer cake« , un fondant au chocolat à étages, où on fait tout simplement couler la ganache chocolatée entre les couches de gâteau et par-dessus le tout : c’est moins fastidieux que de l’appliquer à la spatule, et plus gourmand aussi, avec cette jupe de ganache qui vient encercler le gâteau. Le tout est parsemé de quelques pistaches torréfiées.

A ceux qui veulent continuer la réflexion autour du 13 novembre, voici aussi quelques liens pertinents :
Lamia Mondeguer, un article de Libération
une vidéo qui explique comment aider ceux qui souffrent, et explique la différence en l’empathie et la sympathie (c’est Marina elle-même qui m’a donné le lien tant elle la trouvait vraie rapportée à son vécu)
Moi je n’irai pas qu’en terrasse, un article plein d’intelligence de Sarah Roubato, qui réfléchit et tente d’apporter des solutions concrètes aux attentats. Petit échantillon : « Les journalistes ont montré que les attentats ont éveillé des vocations de policiers chez beaucoup de jeunes. Tant mieux. Mais où sont les vocations d’éducateurs, d’enseignants, d’intervenants sociaux, de ceux qui empêchent de planter la graine djihadiste dans le terreau fertile qu’est la France ? »

Et enfin, voici la recette, à préparer et déguster en pensant à la belle, douce, pétillante & espiègle personne qu’était Lamia !

gateau-lamia-recette

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Gâteau marbré aux céréales complètes

gateau marbré aux céréales complètes

Le gâteau marbré, constitue probablement dans la conscience collective française l’un des gâteaux les plus régressifs qui soit. Pour preuve, moi qui n’ai jamais grandi avec de gâteau marbré dans la cuisine familiale, j’en confectionne aujourd’hui avec un délicieux sentiment de réconfort. Comme si je renouais avec des générations de mains pâtissières aimantes. Et lorsque se répand dans ma maison la tiède odeur de chocolat et de céréales grillées, j’ai le moral qui monte en flèche, comme après un gros câlin.

Quand on a une famille à nourrir, ce sentiment est encore décuplé. Cuisiner le gâteau marbré devient du réconfort au carré : on se cajole soi-même et on cajole les siens. D’autant que l’on sait que son gâteau est bon dans tous les sens du terme : avec des céréales complètes et variées, pas trop d’oeufs, des matières grasses bien maîtrisées, et une texture moelleuse à souhait.

J’ai été très inspirée du merveilleux livre de Kim Boyce intitulé Les Douzes Farines, traduit par les Editions La Plage et introduit par Clea (voir lien en fin d’article). L’auteur, qui a travaillé comme pâtissière dans des palaces avant de se reconvertir aux farines complètes, y explore douze farines, en décrivant leur qualités et leur arômes : c’est un livre-boussole pour savoir comment choisir parmi toutes ces farines qui sont à notre disposition. On y  trouve notamment la farine d’avoine, que je trouve tout particulièrement divine en pâtisseries, apportant moelleux et sa saveur si douce et robuste à la fois (encore merci à Marie Chioca pour me l’avoir fait découvrir).

Il n’existe pas dans le livre de gâteau marbré, mais j’ai repris l’idée de la compote de pomme que l’auteur utilise dans ses muffins aux épices. Une technique très pratiquée par les végétaliens pour remplacer les oeufs. Ici je ne m’en prive pas, mais la compote me permet d’en réduire le nombre ainsi que la matière grasse, tout en conservant une mie bien moelleuse. Au sujet de la matière grasse, j’aime utiliser un mélange de beurre et d’huile d’olive, qui permet de diversifier et aussi de rendre le beurre plus résistant à la chaleur : le gâteau sera ainsi beaucoup plus digeste qu’avec du beurre pur. Enfin, je te conseille surtout en matière de farines complètes, de choisir du bio, sinon tu te retrouveras avec un gâteau marbré aux pesticides, ce qui n’est probablement pas l’objectif premier ¨v¨.

Voici la recette !

gateau marbre recette et technique

Et pour le livre de Kim Boyce :

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Hachis parmentier au miso & courge

hachis-parmentier

Nous en sommes au tout début novembre et tu ne peux déjà plus voir les courges en peinture ? A table, tout le monde prend un air blasé devant les plat orangés ? Voici une recette qui te permettra de refourguer un dernier bout de courge en toute impunité. Et en plus, c’est super bon !

potimarron-playagain

L’idée de ce hachis est de cuisiner la courge comme une farce. A peu près toutes les variétés peuvent être utilisées, mais je te recommande tout particulièrement le potimarron (qu’il n’est pas utile d’éplucher) et la courge butternut (qu’il faut éplucher) dont les chairs se tiennent bien et possèdent un petit goût de châtaigne pour l’un, et de noisette pour l’autre. On mixe grossièrement le morceau de courge avec des pois chiches, du miso, de l’huile d’olive et de l’ail, on fait rôtir et on recouvre d’une bonne purée maison avant de passer au grill. Ni vu ni connu. Courge incognito. Jouons à nouveau.

miso-aka

Le miso rouge ou aka miso apporte ici une teinte sombre et un goût musqué, plein de complexité. Petit rappel pour ceux qui ne sont pas habitués à le cuisiner : il s’agit d’une pâte fermentée à base de fèves de soja, qui est beaucoup utilisé au Japon pour donner du goût aux plats, comme la fameuse soupe miso. On en trouve de multiples sortes ayant notamment attrait à sa composition : 100% soja, soja & orge, soja & riz… Pour les départager, le plus simple est de se fier à sa couleur qui va du jaune pale (shiro miso) au brun foncé (aka miso) : or plus il est foncé, plus son goût sera fort. Ci-dessus, c’est un miso très foncé bio qui est fabriqué en France par la marque Danival : du très beau travail pour un produit de première qualité. Leur miso est devenu un incontournable de mon frigo, à côté de la moutarde et des citrons confits. Pour en savoir plus sur le miso, tu peux aussi lire ce billet qui lui est consacré.

Et voici la recette, à accompagner d’une salade de chou frisé cru : on ne le sait pas assez mais il est délicieux ainsi !

hachis parmentier recette

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