Le Mont-blanc et le Franponais

Comme la madeleine trempée de thé de Proust, il est des plats qui délivrent davantage qu’une simple expérience gustative. Ils sont alors comme des clés qui ouvrent grande l’armoire des souvenirs. Et parfois, l’univers auquel on les associe, est bien loin de l’habituel.

C’est le cas pour moi du Mont-Blanc, cette pâtisserie un peu surannée à base de marron & chantilly. Lorsque j’y plonge ma cuillère, ce n’est pas en Italie ou en France chez Angelina que je me trouve transportée, mais au Japon. Là-bas, on voue un véritable culte au « monburan » (prononcer monboulane). Avec la régularité d’un métronome, quand commence la saison froide, il arrive sur tous les étalages et se compose d’une pâte sablée, d’une couche de chantilly et d’une autre de crème de marron, le tout agrémenté de marrons à la couleur jaune canari, dû à quelque mystérieux procédé de fabrication.

L’une des choses qui m’a le plus fascinée/interloquée sur l’île du dragon, c’était la relation a priori paradoxale que ses habitants entretenaient entre l’authentique et le factice. Dans la restauration, c’est carrément hallucinant : comme ces pizzerias en carton pâte, où tout est reconstitué, jusqu’aux fausses bougies à demi-fondues plantées dans de vieilles bouteilles de chianti. Le sens du détail y est poussé à l’extrême comme pour approcher au plus près de la réalité, et en même temps tout est délibérément faux. Comme aussi ces « bourangeries » proposant une totale immersion dans les cafés parisiens, remplies de jeunes-femmes soigneusement vêtues…

Il existe d’ailleurs une langue propre à cette France nipponne : le franponais. En se promenant dans les rues de Tokyo ou encore sur les pages web, on trouve plein d’exemples de ces assemblages de lettres qui sonnent français, sans l’être : comme cette chaîne de restauration appelée « Jus de Coeur », ou encore ce magasin nommé « Jouir de Bijou »… De quoi se taper de bonnes tranches de rigolade, surtout quand tu passes devant une résidence qui s’appelle « belle pine ».

Bref, mon Monburan à moi,  je te le propose en VF – on ne se refait pas – avec de la meringue, je préfère le croquant au sablé. Et comme la difficulté tient en bonne partie à la fabrication de cette dernière, je fais ici appel à du « préfabriqué » : la petite meringue striée que tu trouves au rayon pâtisserie. Il suffit ensuite de la recouvrir de crème chantilly (maison ou pas pour une réalisation super express), puis de crème de marron, à l’aide d’une poche à douille, ou d’un sac de congélation dont on a coupé un bout. Je suis très satisfaite de cette formule car elle permet de réaliser rapidement un dessert épatant, à disposer en masse sur un buffet, dans une assiette à dessert avec son jumeau, ou à côté d’un café gourmand (pour la totale touche nippone, proposer un mini mont-blanc accompagné par exemple d’un moelleux à la patate douce).

Enfin, il y a dans cette recette un ingrédient mystère : le sucre stevia-cassonade. Je l’ai précisément découvert au moment où je planifiais la réalisation de mes Mont-Blancs. Je n’étais pas trop fan de la poudre 100% stevia qui n’avait pas beaucoup de saveur. Mais alliée ici au bon goût de la cassonade, il en garde le croquant et le bon goût, tout en permettant de sucrer moins : je suis vraiment séduite (aucun partenariat secret ne me pousse à le dire ;).

La liste des courses (pour 8 mini mont-blanc, soit 4 desserts) : 8 petites meringues striées, – 200ml crème fleurette à 35% – 40g sucre stevia & cassonade (ou 80g sucre cassonade – 150g marrons cuits – 150g crème de marron – 1 gousse de vanille.
Pour agrandir la recette, clique dessus, puis pour l’imprimer, clique droit. 

 

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