Mort à la tomate de mars – curry japonais

curry japon vegan

Acheter des tomates en mars est une insanité. Tout le monde s’accorde pour dire qu’elles n’ont aucun goût, et pourtant les rayons de tomate sont toujours aussi bien achalandés. Y compris dans les boutiques bios. Je trouve cela absurde, j’aimerais que l’on arrête. Pourtant, je peux comprendre : la tomate évoque l’été, les vacances, le rosé en terrasse. Bien plus glamour que la carotte.

Quand on cuisine avec les saisons, la grande difficulté, c’est l’attente. Et la période la plus difficile de l’année est indubitablement le début du printemps. Lorsqu’il faut attendre jusqu’à mi-avril pour que les premiers légumes primeurs arrivent sur les étals. On est pressés d’être en mai avec ses fraises, et puis même de sauter direct aux cerises de juin.

cocotte legumes

Carottes coupées manière rangiri – assiette de saison

Attendre n’est pas le fort de beaucoup d’entre nous. Nous qui n’avons de cesse que d’accélérer le temps et l’espace pour gagner en efficacité, multiplier les expériences, explorer les quatre coins du monde. Mais si, comme moi, tu éduques des petits moussaillons, alors peut-être sais-tu combien il est important d’apprendre à attendre. Pour savoir maîtriser ses émotions, exercer son imagination, ne pas pomper l’air de ses parents, cultiver l’exception. Et lorsque le moment est arrivé, savoir pleinement le savourer.

Rapporté à la cuisine, l’attente est essentielle. En attendant que les légumes soient mûrs pour les déguster, on apprend à savourer ce que l’on a, et on participe à quelque chose de plus grand que soi. Pour moi qui ai eu la chance de grandir avec des légumes bios & de saison (merci Maman), cuisiner avec les saisons me relie au monde, me donne le sentiment de le respecter et de le célébrer.

recette curry

 

J’aime par exemple couper mes carottes à la manière japonaise en utilisant la technique dite « rangiri ». Elle consiste à tailler ses légumes un peu à la manière dont on taille un crayon de bois. Si tu veux t’y essayer, je t’ai fait un petit croquis ci-dessous, mais comme je ne suis pas sûre que ce soit très clair, je t’invite à voir aussi cette vidéo pour mieux comprendre le geste. On forme ainsi de jolis morceaux à la fois réguliers et singuliers (voir photo ci-dessus).

rangiri couper

Et pour patienter ensemble, et attendre que toutes ces petites graines deviennent de grands et beaux légumes, je te propose une recette de curry japonais avec nos bons vieux légumes d’hiver. Appelé « karei raisu », c’est un plat qui tient autant du ragoût que du curry proprement dit, avec une sauce foncée et épaisse qui enrobe de gros et savoureux morceaux de légumes. Au Japon, on le confectionne à partir d’un mélange déjà préparé dont la recette précise est tenue secrète. Mais j’ai fini par trouver l’astuce pour imiter son goût profond, très enrobant et sa couleur sombre sur l’excellent blog Norecipe : de la poudre de cacao amer. Dans le plat final, c’est très difficile de la déceler, mais elle apporte une dimension supplémentaire au plat.

Les ingrédients sont tous très faciles à trouver, et l’autre secret réside dans la compotée d’oignons caramélisés dont on se sert pour fabriquer la sauce. Et si on utilise comme moi une farine semi-complète, on obtient un plat extrêmement sain et réconfortant.

Un plat parfait pour ne pas se découvrir d’un fil, pas vrai ?

curry nippon recette

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16 réponses à Mort à la tomate de mars – curry japonais

  1. Helo dit :

    Testée hier soir, bien bon tout ça…. Mais il me semble que t’as oublié le concentré de tomates, non? Du coup je l’ai mis en toute fin du roux, c’était top! En revanche, faut pas faire comme moi faut surveiller les oignons, sinon, ça accroche!!^^
    Merci encore pour cette recette qui me sort de ma sanpiternelle soupe!????

    • Mathilda dit :

      Helo, tu as mille fois raison, j’avais oublié la tomate ! Mais tu as eu le bon geste, impec. Pour les oignons, oui il faut mettre sur feu bien doux et remuer régulièrement. Et si ça commence à accrocher, tu peux ajouter un peu d’eau !

  2. Cassoco dit :

    Comme je suis d’accord avec toi sur l’importance de respecter les saisons, et la terre par la même occasion. C’est vrai que mon appétit pour les courges et autres choux faiblit un peu en ce moment, surtout quand les beaux jours reviennent et avec eux l’envie de salade pleine de crudités. Mais chaque chose en son temps, c’est aussi ainsi qu’on les apprécie pleinement.

    Ton curry est très inspirant et a de grandes chances de se retrouver dans nos assiettes prochainement (avant que les 1éres tomates n’arrivent sur l’étal de mon maraicher ;-)
    Merci

    • Mathilda dit :

      Oui Cassoco, on est en plein dans la période où l’on ronge son frein ! Pour moi juillet et aout sont aussi ne période d’attente : pour remanger des pommes, je les adore !!!

  3. Bonsoir Mathilda,
    Je voulais faire cette recette ce soir, mais je me suis aperçue que je n’avais ni gingembre ni concentré de tomates, ce sera donc pour demain :)
    En revanche, j’avais vraiment envie de réagir tout de suite à ton texte. Pour moi, cuisiner avec les légumes de saison, c’est presque tout nouveau, alors la sensation d’attente, je la découvre en ce moment… Et j’écume toute la blogosphère pour accommoder les choux et les endives que je récupère dans mon panier de légumes chaque semaine.
    Dans ma famille, on mangeait des tomates toute l’année, et quand j’ai commencé à cuisiner chez mes parents, j’appliquais mes livres de recettes chéris sans tenir compte des saisons, et j’attendais des magasins qu’ils s’adaptent. Et j’en connais un chez moi qui a très hâte de retrouver les tomates aussi, même s’il est fan des poireaux…
    Je sais que je sautillerai de joie avec les premiers fruits du printemps, mais en même temps, vu d’ici, j’ai très peur de devoir me passer des poires et des légumes racines. Sans parler des courges ! Et les poires, les comices juteuses et sucrées… Je ne me rappelle plus si la pêche c’est aussi magique :)
    Voilà donc pour ma philosophie maraîchère du vendredi soir, je reviens demain avec un retour un peu plus de concret sur ta recette :) Merci en tout cas de partager toutes ces belles idées de saison !

    • Mathilda dit :

      Oh Juliette moi aussi quand le temps vient de devoir renoncer à mes pommes chéries, je me sens toute démunie. Heureusement, la pêche de saison est un délice sans nom :)) Bravo pour tes efforts pour cuisiner de saison, surtout si tu as d’autres convives qui font un peu pression : mais tu verras, ça deviendra depuis quelques temps un vrai mode de vie, qui changera le goût de tes plats !

      • … Et comme prévu, on s’est régalés avec ton curry japonais, merci beaucoup !
        Je n’ai encore jamais vécu de non-saison des pommes en effet, ça va être bizarre. On met quoi dans ce cas dans son sac à main pour le goûter ? La pêche à côté du portefeuille, je le sens moyen :-p

  4. Ping : Quoi de bon ? – Épisode 2 – Enthusiastic.me

  5. Clem dit :

    Bonjour Mathilda,
    Je suis totalement d’accord avec ton argument sur la tomate, même si malheureusement chez moi ça reste très théorique, car on a du mal à se passer de la petite tomate dans la salade de crudités même en hiver… mais à chaque fois je vis ça comme un crime. Heureusement ta recette m’a donné envie de remettre à l’honneur les carottes, et j’ai testé et adopté aujourd’hui (justement) une nouvelle salade de carottes super facile à faire qui va j’espère détrôner la tomate dans mon coeur en hiver.
    Merci pour ton blog superbe et tes recettes inspirantes !

  6. Le Japon me manque et ce curry végétarien a l’air bien meilleur que les pâtes à curry japonais toute prêtes chimiques et ennuyeuses qu’on trouve dans les commerces. Je vais tester ta recette très vite tant avant que ce ne soit plus la bonne saison pour les légumes racines.

  7. Léa dit :

    Merci pour cette recette, j’ai vraiment besoin d’idées en ce moment pour utiliser les sempiternelles carottes, navets, etc… Je suis d’accord avec toi, la tomate c’est bon qu’à partir de juillet!

  8. Lénaïc dit :

    Coucou Mathilda,
    ça y est, depuis le temps qu’elle attendait dans mes marque-pages, recette testée et validée ! J’ai enlevé les pommes de terre (parce que patate + riz, ça fait un peu trop chez moi !), et ajouté un peu de tempeh dans la sauce pour rendre le plat plus complet, et on s’est régalé. J’étais un peu sceptique quant à l’ajout de cacao, mais effectivement, ça apporte une profondeur tout à fait bienvenue. Et c’est tellement simple et rapide à faire que ce plat va souvent revenir au menu ici je pense.
    Donc merci (une fois de plus !!) :)

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