Ume-matsuri : printemps, premier acte | Crème d’umeboshi

Dans cette mise en scène si bien réglée qu’est l’arrivée du printemps au Japon, l’ume-matsuri figure, après Setsubun puis Hina-Matsuri, comme l’ultime étape avant l’apothéose du fleurissement des cerisiers. L’occasion de goûter un nouveau type de saké, l’amazaké, et pour ceux qui sont à Tokyo, d’aller se promener du côté du Tenjin, près du parc Ueno.

L’ume matsuri : avant le fruit, la fleur

L’ume, est un petit abricot japonais que l’on affilie par erreur en français comme anglais à la prune ou plum. Son arbre est le premier à annoncer le printemps, en fleurissant de fin février à la mi-mars. Cette année, en raison des neiges récentes, les fleurs tardent à s’épanouir : samedi dernier, elles étaient encore toutes emmitouflées en de gros bourgeons. Il faisait froid et humide, et dans le gris ambiant, la vue de ces boutons charnus et roses annonciateurs de printemps, avait quelque chose d’éminemment réjouissant.
La fleur d’ume fournit sous forme stylisée un motif récurrent dans l’iconographie japonaise : on la trouve brodée sur les kimonos, peintes dans des estampes, ou encore sur mille autres supports de saison : amateurs de motifs, consultez notamment le site d’ikiya de motifs japonais. D’une couleur allant du blanc immaculé au rose profond, elle se reconnait à ses cinq pétales de forme ronde, à la différence des fleurs de cerisier dont les pétales sont plutôt oblongs. Symboliquement, on dit que la fleur de cerisier évoque la beauté d’une femme, la fleur de l’ume représenterait sa pureté. Elle incarne également l’intelligence et la soif de connaissance, ce qui nous amène au Tenjin :

Hanami au Tenjin à Tokyo

Depuis la Chine ancienne, la fleur d‘ume est un symbole d’érudition. Au Japon, on l’associe au Tenjin, nom mortuaire du kami (esprit) de Sugarawa Michizane, savant ayant vécu au IXe siècle (illustration ci-dessous), qui fut exilé sur l’île de Kyushu, loin de la capitale. A son départ, il dédie un poème à son arbre favori, l’ume :

« Mon cher prunier, fleuris et répand ton doux parfum quand le vent d’Est soufflera. Même si je te quitte, n’oublie pas de fleurir à nouveau chaque printemps »

A Tokyo, on lui dédie un sanctuaire planté d’ume, devenu haut-lieu d’hanami, ce sport hautement japonais consistant à admirer les fleurs tout en se délectant de mets délicats. L’occasion aussi pour les écoliers dont l’année scolaire se finit fin mars, d’aller prier le sage Tenjin qu’il leur accorde de bonnes notes… Et aussi de déguster l’amazaké, un saké très légèrement alcoolisé à base de riz. Alors qu’il fait encore froid et humide, c’est assez délicieux de se réchauffer estomac et mains, en buvant cette sorte de porridge très liquide au goût sucré et un peu aigre. Question odorat, le nez aussi est à la fête, avec l’odeur délicate des fleurs d’ume, et celle plus verte des nombreuses tablettes votives, taillées dans du bois de conifère, qui forment de part et d’autre du temple des murs odorant. Pour accéder au temple, la station de métro la plus proche est Yushima.

Représentation de Tenjin (g), murs odorants de tablettes et papillotes de voeux (d)

Miam !

Attention, nature, l’ume ne fera pas fleurir mais plutôt flétrir vos papilles, tant elle est acide. C’est qu’elle a le caractère bien trempé la donzelle – et qu’on arrête la prenne pour une prune ^^ ! Il faut savoir l’amadouer, en la faisant macérer : dans du sel, elle devient la talentueuse umeboshi, et accompagne somptueusement les poissons grillé, ou encore relève tartes salées, ou sandwichs… Dans du sucre et du shoshu (alcool blanc japonais) elle fournit la fameuse liqueur appelée ume-shu : un nectar à essayer impérativement lors d’une visite au Japon. En version dessert, je me souviens avoir un jour goûté à un mochi à l’umeboshi exquis, aux saveurs sucré-acidulé-salé proche du sakura mochi enrobé une feuille de cerisier salée. A mon grand désespoir, je n’en ai toutefois depuis pas retrouvé trace, ni dans les magasins, ni sur internet : si vous avez des pistes, je suis preneuse !

Pour apprivoiser l’umeboshi sans plus tarder, je vous livre cette recette de tartinade triple « s » : simple, saine et savoureuse.  A déguster en terrasse si le temps s’y prête, pour un apéro printanier. Le vinaigre de riz, apporte une douce acidité à l’ensemble, si vous n’en avez pas, préférez du jus de citron plutôt que du vinaigre de vin (trop dur) ou de cidre, dont la forte saveur de pomme risque de rentrer en collision avec celle de l’ume.

Crème apéritive d’umeboshi au thon
en apéro pour 4 personnes

– 200g de tofu soyeux
– 200g de thon nature en conserve
– 4 umeboshis
– 1 cuillère à soupe de vinaigre de riz (2cl)
– sel, poivre

Dénoyauter les umeboshis et les réduire en purée. Emietter le thon. Réaliser la crème : dans une jatte, fouettez le tofu soyeux pour obtenir une texture proche de la mayonnaise. Ajouter la purée d’umeboshi, le thon et le vinaigre de riz, assaisonner de sel et poivre.

Servir sur des toast grillés, des blinis, ou encore avec des crudités.

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10 réponses à Ume-matsuri : printemps, premier acte | Crème d’umeboshi

  1. Le Citron dit :

    Ta recette me fait un peu penser aux rillettes de thon que je prépare bien souvent l’été avec du fromage frais.. Il faut que je tente le coup avec du tofu…

  2. Hummm je craque pour le tofu soyeux …
    Les prunes, je ne sais pas, j’ai goûté des prunes japonaises très amères, assez étrange !
    Mais l’idée de cette crème d’apéritif me plait beaucoup

  3. Yo dit :

    Sympa ton blog!

  4. Béné dit :

    Miam, merci pour cette recette toute simple mais qui semble très savoureuse. Je prends aussi celle su sandwich.

  5. Mingou dit :

    Mais c’est magnifique tout ça !
    Tu me donnes très très envie d’essayer l’aquarelle :-)

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